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Prendre le "pouls" de la ville : attentes des citoyens pour la ville de demain (B.Marzloff)

Bruno Marzloff est sociologue, spécialiste des mobilités. Il a fondé le cabinet d'études et de prospective Chronos, ayant piloté l'Observatoire des Usages Émergents de la Ville (co-production avec l'ADEME et l'ObSoCo). La 4ème "conversation des futurs" s'est ouverte par quelques données de cadrage sur l'évolution des modes de vie et des attentes des citoyens pour la ville. Vincent Pignon, représentant de la FAMI (fédération inter-association de l'Université d'Aix-Marseille), portant sur les attentes spécifiques des étudiants pour le territoire d'Aix-Marseille.


Quelle ville veut-on ? C'est la question que l'Observatoire des Usages Émergents de la ville a souhaité poser, au travers d'une vaste enquête conduite en France et en Europe. Celui-ci a cherché à mesurer certaines évolutions des modes de vie (habitat, mobilités, consommations) mais également des représentations que l'on se fait de la ville En prospective, 3 grand moteurs leur sont apparus pour expliquer une grande partie des évolutions observées, aussi bien dans les modes de vie que dans les perceptions de la ville. Il s'agit :

• de la massification de l'usage de la voiture depuis plusieurs décennies, ayant transformé l'organisation du quotidien et nos pratiques du territoire ;

• de l'irruption rapide du numérique (ces 15 dernières années) ;

• d'une 3ème révolution, actuellement en cours : la prise de conscience quant au changement climatique.



1. Évolution des modes de vie et des aspirations des français


48% des français "aspirent à vivre ailleurs" : cela traduit un malaise lié à la vie en ville (pour ses excès de température, de congestions, d'activités, de bruit). Ce chiffre varie beaucoup suivant si l'on se situe en périphérie d'une métropole (70% des habitants souhaiteraient en partir) ou dans des communes isolées, en campagne (seulement 25%). La demande d'une "ville à portée de main", une "ville à taille humaine" a émergé au cours de l'enquête. Cela renvoie au constat que la ville dense actuelle ne fonctionne déjà plus puisque, même dans les centres, la plupart des actifs travaillent dans une autre commune que celle où ils résident. La promesse de la centralité où "l'on fait tout" (vivre, travailler, consommer, se divertir) a d'ores et déjà disparu.


Cela est très lié à l'usage intensif de la voiture, utilisée pour 80% des déplacements des personnes et près de 90% de déplacements des marchandises (poids lourds). Si les grandes métropoles commencent à s'affranchir de la voiture (87% des habitants déclarent disposer de tous les modes de transport dont ils ont besoin), ce n'est pas le cas des communes moins denses (seulement 20%).


Une demande d'apaisement des mobilités : la mobilité est souvent ressentie comme "subie" (par 60% des français). Un tiers de français plébiscitent une mobilité "active" (marche, vélo...)... tandis que 30% témoignent d'un fort attachement à l'automobile et aux libertés qu'elle offre.


De nouvelles formes de consommation : recherche de produits plus sains / locaux (cultures personnelles, jardins partagés de proximité) et une volonté de partage / mutualisation des biens / services entre particuliers (plateformes de location entre particuliers, essor des fab-labs et repair-cafés...).


Vers une "ville frugale" : selon Bruno Marzloff, la première marche serait de réduire de manière importante les déplacements motorisés : plus de confort de vie (moins de déplacements), moins de conséquences négatives collectives (congestions et pollutions).


Repenser l'habitat ? La "ville à portée de main" est une aspiration non pas à l'enfermement dans le local, mais une volonté d'éviter certains déplacements. 86% des français interrogés se sentent "chez eux" dans leur voisinage immédiat : il y a une forte volonté de s'approprier l'échelle locale.


L'envie de participer à la vie collective : une demande de plus en plus forte de s'impliquer, en dehors des formes de concertation traditionnelles. Le numérique apparaît comme un moyen d'inventer de nouvelles formes de dialogue. Cette implication suppose une meilleure information sur les débats en cours et sur les occasions de participer.



2. Les différents scénarios pour l'avenir


Afin de construire une nouvelle urbanité en phase avec l'évolution de ces modes de vie, Chronos et l'ObSoCo ont testé divers scénarios pour la "ville du futur" auprès des habitants. Plusieurs archétypes de villes ont été abordés :

- le rejet de la "ville connectée" : ce rejet est massif, alors que c'est la ville que nous utilisons le plus au quotidien

- le plébiscite de la "ville nature" : celle-ci n'existe pas, c'est un oxymore (la "ville à la campagne"), mais elle doit être résolue par les experts et les élus

- la ville des "courtes distances" est très présente

- la ville "collaborative" est très présente dans nos usages, elle est attendue, mais existe peu dans nos représentations.


Après un siècle d'une ville fonctionnelle, dessinée et planifiée, la ville étalée / éparpillée trouve ses limites : l'enjeu est donc de bien comprendre les aspirations des citoyens, malgré le sentiment utopique que certains propos semblent inspirer... Après un siècle régi par un "système d'offre" dans la production urbaine, saura-t-on passer à un système de "compréhension de la demande" ?


Télécharger le support de présentation de Bruno Marzloff



3. L'avis des étudiants - Enquête "Bouge ton bien-être" de la FAMI (Université d'Aix-Marseille)


Vincent Pignon est venu présenter l'étude réalisée auprès d'étudiants du territoire, afin de mesurer leur niveau de satisfaction quant aux conditions de vie dans les villes du territoire (Aix et Marseille). Il a listé les principales attentes mises en évidence: mobilités et connexions entre Aix et Marseille, localisation des sites universitaires (parfois à l'écart de la ville), conditions de logement (s'agissant de leur premier poste de dépenses, avec une problématique de prix ou de mauvais état des logements, suivant que l'on se situait à Aix ou à Marseille).




4. Le quizz des agences d'urbanisme


S'ils promeuvent la "ville des proximités", les français ne sont pas exempts de paradoxes dans leurs usages. 3 questions en format quizz ont permis de revenir sur :

- les problématiques d'usage du numérique et de temps passé devant les écrans

- la participation citoyenne et les nouvelles manières de faire la ville

- les attentes vis-à-vis des logements et les nouvelles manières de les occuper.



La facilitation graphique de Nicolas Gros :


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